Juan Pedro Esnaola

(1808 – 1878)


Enfant prodige, disciple de son oncle José Antonio Picasarri - qui doit quitter l'Argentine pour des raisons politiques - Juan Pedro Esnaola voyage avec lui en Europe en 1818 (à l'âge de 10 ans). Il poursuit ses études musicales à Madrid et à Paris, ainsi que probablement à Vienne et à Naples. Il s'y perfectionne en piano, en chant et en composition. De retour à Buenos Aires en 1822, Picasarri crée l'Ecole de Musique et Chant, dans laquelle Esnaola - après avoir séduit tous ceux qui l'ont écouté chanter et jouer du piano - devient professeur (à l'époque, il a à peine 14 ans). Voici le début de la carrière musicale de Juan Pedro Esnaola, compositeur sensible, personnalité reconnue, qui étonne par son talent les salons de sa ville, Buenos Aires.

L'historien et musicologue Carlos Vega affirme:

Sans trop forcer les dates, les périodes de sa vie coïncident avec les époques politiques qui marquent l'histoire argentine du XIXe. Son enfance s'écoule pendant le temps de l'Emancipation; son adolescence concorde avec l'époque de Rivadavia ; sa plénitude avec les salons romantiques appartient à l'époque de Rosas; et sa maturité se déroule à la période de l'Organisation. De lui, comme de très peu de personnes, pourrait-on dire avec justesse, qu'il a été l'homme de son temps et de sa patrie; que parmi les événements les plus extraordinaires, il fut l'artiste pur et irréductible.


Les premières vagues du Romantisme arrivent au Río de la Plata vers 1830. Il s'agit d'un Romantisme d'inspiration politique et poétique espagnole et française, à l'influence italienne en ce qui concerne la musique. Nos premiers romantiques sont des jeunes gens de familles anciennes, qui

voyagent en Europe pour compléter leur éducation et reviennent affectés par l'ambiance et leurs

expériences vécues sur le vieux continent. Musique, politique et poésie agitent la vie des salons.

Des voyageurs français, espagnols et anglais documentent leur passage par Montevideo et Buenos Aires, et racontent ses souvenirs des soirées aux salons. Le naturaliste, explorateur, malacologue et paléontologue français Alcide Dessalines d'Orbigny, dans son Voyage dans l'Amérique méridionale

(réalisé entre 1826 et 1828) fait une description des habituelles "tertulias", où règnent la musique et une joyeuse socialisation. On danse le menuet, le montonero, la contredanse et la valse, et on chante

accompagné du piano ou de la guitare.

Chanteur et pianiste virtuose, compositeur notable et prolifique, homme engagé avec son art et son temps, Esnaola marque un nouveau départ pour la musique argentine. Considéré par quelques auteurs comme le premier musicien professionnel de l'Argentine, catalogué par d'autres comme un précurseur, ce musicien à la hauteur des meilleurs de son temps se place au-delà de toute classification. Il aborde des genres divers: de la musique liturgique (motets, hymnes, lamentations, requiem, messes, misereres), des symphonies, de la musique de chambre et de la musique pour le piano et pour la guitare.

Héritier de la tradition du salon, au sein duquel il s'est formé, où il a vécu ses premières expériences musicales et où il a épaté ses auditeurs par son talent inépuisable, il y reste fidèle quand la mode et le goût pour l'opéra font du théâtre l'endroit d'excellence pour les spectacles musicaux. Il y compose des danses et des chansons qu'il exécute à la perfection.

L'hebdomadaire de musique, théâtre et nouveautés "Mefistófeles" publie en 1882:

Esnaola était aussi bon compositeur que pianiste; son école était parfaite, il appartenait à l'école de Thalberg, le vrai maître du piano - expressif sans exagération, élégant sans pédantisme, il arrachait des effets délicats à l'instrument sans le frapper, sans gymnastique, sans mimique; ses doigts caressaient le clavier et celui-ci semblait lui rendre en sons tendres les caresses reçues.


Il a mis en musique des poésies des plus importants écrivains argentins de son temps, faisant preuve d'une admirable finesse à l'utilisation des resources compositives bien que d'une profonde compréhension du texte. Homme de son temps, fidèle à l'éthique d'un compositeur responsable et avec un projet esthétique orienté vers la consolidation de l'idée de nation, il conçoit avec le poète Esteban Echeverría une nouvelle chanson, et c'est justement dans le contexte des réunions dans les salons (les "tertulias") qu'ils montrent le fruit de leur travail conjoint à la recherche d'une voix propre et d'une identité nationale.

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